À Paris, la fontaine Stravinsky a retrouvé toute sa splendeur et les couleurs de Niki de Saint Phalle

L’emblématique fontaine Stravinsky (IVe), ornée des sculptures animées de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, est enfin remise en eau. Les automates colorés ont été restaurés à l’identique.

Fontaine Stravinsky (IVe), ce mardi. Les automates réalisés par les Sculpteurs Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely voici 40 ans, ont été totalement restaurés. Comme le bassin.
Fontaine Stravinsky (IVe), ce mardi. Les automates réalisés par les Sculpteurs Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely voici 40 ans, ont été totalement restaurés. Comme le bassin.

    Pour ses 40 ans, l’eau a à nouveau jailli, accompagnant la lente danse, en musique, des 16 automates mécaniques aux couleurs chatoyantes. Ce mardi, la fontaine Stravinsky, posée entre l’église Saint-Merri et le centre Georges-Pompidou (IVe) est revenue à la vie, après des années de déshérence, où elle fut livrée aux outrages du temps, au point de devenir l’objet de toutes les moqueries.

    Après de longues années de restauration réalisée au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, en Seine-Saint-Denis, les sculptures du couple de plasticiens Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, surnommés les Bonnie and Clyde de l’art, ont retrouvé leur bassin. Lui-même totalement rénové et remis en eau.

    Les sculptures ont retrouvé leur bassin après de longues années de restauration réalisée au Musée de l’air et de l’espace du Bourget (Seine-Saint-Denis).
    Les sculptures ont retrouvé leur bassin après de longues années de restauration réalisée au Musée de l’air et de l’espace du Bourget (Seine-Saint-Denis).

    1,6 million d’euros dédié à la restauration

    Le chantier, d’une valeur d’1,6 million d’euros, a été financé à hauteur de 900 000 euros dans le cadre du budget participatif. Mais le résultat vaut bien les efforts consentis, selon Ariel Weil, le maire (PS) de Paris-Centre. « Les fées se sont penchées sur ces œuvres réalisées en l’honneur du compositeur russe Igor Stravinsky. C’est une gourmandise artistique, pleine de poésie urbaine qui nous est rendue, exactement semblable à ce qu’elle était en 1983, lors de son inauguration », s’émerveille l’élu.

    Sous l’œil vigilant des héritiers de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, quatre restaurateurs de la Ville de Paris ont œuvré à redonner aux automates leur lustre d’antan. Tous portent un nom qui évoque l’œuvre du compositeur : le majestueux Oiseau de Feu, Ragtime, le Cœur, le Chapeau de Clown, la Diagonale, la Mort… Autant d’ingénieuses installations mises en valeur par un système hydraulique complexe, lui aussi totalement remis en état.

    « Si j’avais pensé revoir cette merveille en état ! »

    Autour du bassin, quelques curieux appareil photo en main mitraillent le bassin tandis que les enfants s’amusent de voir les automates se mettre en mouvement. « Si j’avais pensé revoir cette merveille en état !, s’extasie une habitante du quartier. Pendant des années, cette fontaine était un véritable dépotoir, et les sculptures décolorées et endommagées faisaient peine à voir. J’espère maintenant, ajoute-t-elle, que l’entretien suivra. »

    La Fontaine Stravinsky (IVe) a bénéficié d'une "refonte complète et inédite".
    La Fontaine Stravinsky (IVe) a bénéficié d'une "refonte complète et inédite".

    Depuis son installation voici quarante ans, la fontaine aurait bien fait l’objet d’un entretien régulier, assure la Ville, propriétaire du site. Mais le mécanisme des sculptures se serait fragilisé avec le temps, d’où la nécessité de « cette refonte complète et inédite ».

    Une balade musicale pour les 40 ans de l’œuvre

    Le système de recyclage et de traitement des eaux a également été revu avec, entre autres, leur adoucissement, permettant d’éviter la dégradation des œuvres. Par ailleurs, les installations électriques et les automatismes ont été mis aux normes actuelles. Ainsi, la puissance des jets d’eau peut être ajustée en fonction du vent, de la température et de l’heure. La fontaine fonctionne par ailleurs en circuit fermé : 100 % de l’eau utilisée pour l’animation des œuvres, est recyclée.

    À l’occasion des quarante ans de la fontaine Stravinsky, L’Institut de recherche et coordination acoustique-musique (Ircam) qui la jouxte propose au public deux créations sonores réalisées dans ses studios, en relations avec les automates colorés, leur histoire, et le couple de plasticiens. « Sept contes de la fontaine » et « L’eau, la colonne, le fer », sont disponibles en scannant un QR Code à retrouver sur la façade de l’Ircam.