Au pied du centre Pompidou, la fontaine Stravinski va reprendre des couleurs
La célèbre fontaine du quartier des Halles à Paris, aux sculptures dessinées par Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely, est en travaux. Il faudra attendre septembre 2023 pour revoir ce ballet mécanique revivre à nouveau.
Les touristes qui se rendront cet été au Centre Georges Pompidou, dans le quartier des Halles, seront sans doute dépités devant le grand bassin vide de la fontaine Stravinski, sans eau, et surtout privée de ses sculptures aux couleurs éclatantes signées Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely. Il leur faudra revenir au printemps 2023 pour admirer à nouveau l'oeuvre de ce duo d'artistes datant de 1983, et commandé à l'époque par Jacques Chirac, maire de Paris.
« C'est plus qu'une simple fontaine, non seulement elle présente ces sculptures uniques mais en plus c'est une oeuvre cinétique, sonore, qui se met en mouvement et émet des sons, en hommage au compositeur russe Igor Stravinsky » rappelle Karen Taïeb, adjointe à la Ville de Paris en charge du patrimoine.
Mais cela fait belle lurette que les automates se sont tus. Peinture écaillée, systèmes hydraulique, mécanique et électrique détériorés, bassin fissuré. Depuis une dizaine d'années, les seize sculptures dont le nom évoque l'oeuvre du musicien au cours de sa vie - La Sirène, le Renard, Ragtime, Le Serpent, La Mort, La Spirale ou La Grenouille,...- ne font plus de musique. Et depuis deux ans, elles ne crachent plus d'eau comme avant.
Tarmac du Bourget
Depuis avril, la restauration de la fontaine est lancée. Plusieurs équipes de la mairie travaillent dessus de concert : la direction de la conservation des oeuvres civiles et religieuses qui s'occupe de la partie restauration des sculptures et la direction des constructions publiques et de l'architecture (DCPA) qui prend en charge la partie fontainerie.
Les sculptures du bassin ont été transférées au musée de l'Air et de l'Espace au Bourget, en Seine-Saint-Denis, en raison du manque de place dans les réserves municipales et de leur grande taille. Une convention d'occupation temporaire a été signée, à titre gracieux, avec le musée. Vision insolite que ces oeuvres monumentales de résine et de métal émergeant entre deux avions sur le tarmac ! Installés sous des chapiteaux, les six restaurateurs les nettoient et ravivent les peintures.
« Ballet mécanique »
Des appels d'offres sont en cours pour désigner en septembre les entreprises qui travailleront sur la partie technique du bassin, à savoir la remise à neuf de son étanchéité, des câbles électriques, des conduites d'alimentation en eau, ainsi que de l'animation électrique et hydraulique des oeuvres. Le banc en inox autour du bassin sera aussi rénové.
Le système de recyclage et du traitement des eaux sera revu pour limiter la formation du calcaire. « L'enjeu est aussi de réduire à terme la consommation en eau et en électricité et que la fontaine, dont le système est très complexe, soit plus facile à entretenir par les agents de la Ville » rajoute Karen Taïeb.
En toile de fond, il s'agit de faire revivre « ce ballet mécanique, ce grand manège sonore », comme le dit l'élue, sans gêner les riverains. « J'ai proposé aux ayants droit que la fontaine soit mise en mouvement à certaines heures de la journée ou pendant le week-end pour limiter l'impact sonore, pour cela, les mécanismes doivent être automatisés ».
Les travaux d'1,6 million d'euros, sont en partie (900.000 euros), compris dans le budget participatif de 2018, la Ville comblant le reste. Le chantier bénéficie par ailleurs d'un mécénat de compétences d'Eau de Paris de 90.000 euros pour les études sur la fontainerie.
Marion Kindermans